In memoriam Lauric Garbuio

Sa thématique de recherche autour des « moteurs » de la transition énergétique, tant sur les aspects low tech que le sur-fluxage sera une référence.

Lauric Garbuio est né dans le Vaucluse, dans le magnifique village de Châteauneuf-de-Gadagne, le 30 mai 1976 avant de déménager dans la région bordelaise où il y développa sa charpente de rugbyman et son gout pour les sports mécaniques et les bonnes choses. Il poursuivra ses études supérieures à l’ENS Cachan, obtiendra l’agrégation en génie électrique et deviendra un remarquable enseignant chercheur.

Il soutient sa thèse de doctorat le 30 juin 2006 à l’ENSEEIHT de l’Institut National Polytechnique de Toulouse sous la direction du Pr. Bertrand Nogarede et de Jean François Rouchon. Elle portait alors sur l’« Etude du phénomène de lubrification électroactive à l’aide d’actionneurs piézoélectriques. Application à la réduction des frottements secs dans un moteur à combustion interne ». Cette thèse, déjà en lien avec l’automobile, correspondait à une collaboration industrielle avec Peugeot F1, devenu ASIATECH, et sera récompensée par le Prix INPT en génie électrique en 2004 ainsi que par le prix des Art et Belles Lettres de l’Académie de Toulouse en 2005. Il a ensuite été ATER entre 2004 et 2005 à l’ENSEEIHT puis au laboratoire LAPLACE entre 2005 et 2006 en tant qu’ingénieur de recherche sur un projet de réseaux de bord mixtes AC-HVDC avec Airbus. Il rejoindra alors la région Rhône-Alpes sur l’année 2006-2007 en tant que ATER (attaché temporaire d'enseignement et de recherche) à l’Ecole Nationale Supérieur des Ingénieurs Electriciens de Grenoble (ENSIEG) où il étudiera les aspects de « Magnétostriction des coques de navire – application à la détection de corrosion ». Il rentre en 2007 comme Maître de Conférences à l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Lyon au Département de Génie Electrique et au Laboratoire de Génie Electrique et Ferroélectricité. Il fait une dernière mobilité et rejoint finalement l’Ecole Nationale Supérieure de l’Energie, de l’Eau et de l’Environnement (Grenoble INP - Ense3) en septembre 2010 pour travailler au G2Elab sur la conception des dispositifs innovants de conversion d’énergie : machines tournantes, transformateurs, actionneurs spéciaux.

Son investissement dans l’enseignement était conséquent et remarquable, avec des élèves captivés par sa passion et son savoir. Il sera ainsi à l’initiative d’un projet long pour l’intégration des connaissances en filière Génie Electrique IEE de Grenoble INP - Ense3 : la EFunCup. Il s’agissait d’un défi technique à l’intention des 2A de l’école (toutes filières confondues à terme) qui consistait à concevoir un petit véhicule électrique (chaine de traction, batterie, contrôle commande, châssis mécanique…) pour participer à des défis et des courses.

Son aura de pédagogue s’étendait bien au-delà de Grenoble INP - Ense3, notamment au travers de ses actions au sein de Grenoble Energie Campus. Lauric Garbuio était force de proposition sur des actions récurrentes de formation inter établissement et inter niveaux (de Lycéen à Ingénieur) autour du Génie Electrique. Le but de cette action commune avec le Rectorat de Grenoble, le Pôle Emploi et les établissements locaux (COMUE Grenoble Alpes et Grenoble INP - UGA) était de fédérer les stratégies et les synergies pour l'évolution des compétences des métiers de la transition énergétique.

Lauric Garbuio entretenait un lien fort avec l’Indonésie. Il a été notamment à l’origine des accords d’échange MoU entre Grenoble INP - UGA et l’Institut Technologique de Bandung, ainsi que des actions de recherche conjointes concrétisées par l’échanges de projets PFE & M2R (4 Français et 6 Indonésiens) depuis 2014 mais aussi par 3 thèses en codirection.

Son investissement au service de la collectivité, afin que les collègues puissent avoir des moyens pour la recherche, n’était plus à prouver, avec, entre autres, le portage d’un Contrat de Plan Etat-Région (en Auvergne-Rhône-Alpes) depuis juin 2019 sur la création d’un Living Lab Intégré sur la Mobilité Electrique (LLIME).

Côté recherche, son axe principal portait sur la conception optimale de machines électriques destinées notamment, mais non exclusivement, à la traction électrique. Cette recherche était en prise forte et directe avec le monde industriel. Elle s’est traduite par un fort taux de thèses encadrées en convention CIFRE. Ses interactions avec les doctorantes et les doctorants étaient toujours inspirantes et motivantes. Lauric Garbuio était aussi force de propositions innovantes et inventives et il est à l’origine de pas moins de 5 brevets. Son côté entrepreneur n’était pas en reste : il était à l’initiative d’une aventure naissante côté startup sur la commande et la conception d’actionneurs électriques par des techniques d’alimentations non linéaires.

Après une bataille courageuse contre la maladie qui s’était soldée par une première victoire face à une forme fulgurante de cancer, il nous a quittés samedi 8 avril 2023 après une rechute et une nouvelle lutte acharnée contre la maladie.

Lauric Garbuio nous laissera l’image d’un grand passionné du génie électrique. Ce qui caractérise le plus Lauric Garbuio est son foisonnement d’idées. Il innova dans les nombreux sujets qu’il a abordés et enseigna avec passion. Son amour de la pédagogie continuera à éclairer et inspirer tant d’étudiantes et étudiants. Outre ses immenses qualités intellectuelles, il était terriblement humain et captivait son auditoire.